Un audit de la dette par les citoyens
Des groupes de citoyens ont décidé de plonger leur nez dans la dette publique belge afin de dénoncer les politiques d’austérité. Dans plusieurs communes de Bruxelles et de Wallonie, ces enquêteurs amateurs assistent aux conseils communaux, épluchent les budgets, interpellent les élus pour réactiver l’exercice de la démocratie.

ACIDe. Pour mener à bien sa mission, la Plateforme d’audit citoyen de la dette en Belgique, créée en 2013, s’est choisi un nom bien corrosif. Il faut, en effet, du mordant et beaucoup d’obstination pour comprendre comment s’est formée cette dette publique devenue tellement colossale qu’elle nous impose de grandes cures d’austérité et des coupes claires dans les dépenses publiques.
«En 2012, un dessin animé ludique, A qui profite la dette ?, porté par les voix de Frédéric Jannin et Stefan Liberski, a été vu 400 000 fois sur Internet [1], se souvient Olivier Bonfond, économiste, conseiller au CEPAG. Ce succès nous a poussés à lancer la Plate- forme d’audit citoyen de la dette publique en Belgique (ACIDe), avec une trentaine d’organisations et une centaine de citoyens.»

Un audit citoyen se présente sous la forme d’une analyse critique et active des politiques d’austérité. Il se plonge dans les comptes de l’Etat pour comprendre comment a été contractée la dette, pourquoi elle a explosé, combien elle coûte et comment la réduire. «Il s’agit d’une réappropriation par le citoyen du contrôle budgétaire, poursuit l’économiste, et de l’exercice de la démocratie par la surveillance du travail des élus.»

Emprunts toxiques

La tâche est immense. Les militants d’ACIDe se sont donc répartis en groupes. Certains imaginent des animations, organisent des débats avec les citoyens, projettent des documentaires, programment Dette Système, un spectacle de théâtre-action imaginé par une compagnie tournaisienne. Il s’agit d’expliquer aux citoyens que l’austérité n’est pas une fatalité. «Nous devons leur montrer que couper dans les dépenses publiques ne permet pas de relancer la machine économique, poursuit Olivier Bonfond. Au contraire, en comprimant le pouvoir d’achat des citoyens, l’austérité bloque la consommation, pénalise l’économie locale, enraye la croissance et la création d’emplois.»

D’autres groupes d’ACIDe se sont lancés dans l’analyse des dettes de leurs communes. «Il a fallu apprendre à lire un registre de comptes, à décortiquer les documents, explique Jacques Gasper, enseignant retraité, qui a audité la dette de la ville de Liège. Nous y avons passé des centaines d’heures. On a participé aux débats des conseils communaux pour s’initier à la vie politique locale. Personne ne nous prenait au sérieux. Puis, à force d’interventions argumentées et de questions justes, nous avons prouvé notre crédibilité. Les portes se sont alors ouvertes.» D’autres groupes d’ACIDe se sont lancés dans l’analyse des dettes de leurs communes.

«Un exercice de veille»

A Liège, le groupe a également traqué dans les comptes de la Ville les emprunts toxiques, ces crédits spéculatifs devenus très dangereux avec la crise financière. «On n’en a pas trouvé, souffle Jacques Gasper. La Ville a été épargnée par ces produits.»
Par contre, le groupe s’est aperçu, effaré, que les conseillers communaux approuvent parfois à l’aveugle des (...)

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[1] A qui profite la dette?, dessin d’animation de 4 minutes réalisé par la FGTB wallonne, la FGTB Bruxelles, le Comité pour l’abolition des dettes illégitimes et le Centre d’éducation populaire André Genot. Il peut être vu sur https://vimeo.com/54299973. Une version développée est disponible sur le site de la FGTB wallonne: www.fgtb-wallonne.be/outils/videos/qui-profite-dette.

Par Imagine Demain le monde

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