Protéger la biodiversité, car c’est notre assurance-vie
"L'avenir de l'homme dépend de la biodiversité. Il est temps que nous en fassions tous la plus haute priorité". Dans une carte blanche relayée par la Libre, 270 scientifiques belges appellent toutes les autorités du pays à agir pour protéger la biodiversité. Ce collectif s'engage "à mener les recherches scientifiques écologiques et sociales nécessaires pour soutenir de telles mesures".

Cet appel fait suite à la publication de rapports d'évaluation préoccupants par la Plateforme intergouvernementale pour la Biodiversité et les Services écosystémiques (IPBES). Ces quatre volumes rédigés par plus de 500 experts internationaux font état du déclin rapide de la biodiversité partout dans le monde.

Des impacts sur de nombreuses espèces

La dégradation de la biodiversité se traduit entre autres par la sixième extinction de masse qui touche la faune aujourd'hui. "Globalement, les plantes et les espèces animales disparaissent actuellement entre 100 et 1000 fois plus vite que le taux d'extinction naturel" précise le groupe de chercheurs.Un rythme effréné que la Terre n'a plus connu depuis près de 65 millions d'années, lors de la disparition des dinosaures. Si notre planète avait déjà connu cinq extinctions massives en 500 millions d'années, la sixième semble bien être partiellement due à l'activité humaine.

Les sols sont aussi impactés par la détérioration de la biodiversité : 25% des terres agricoles dans l'Union européenne sont touchées par l'érosion. "Ce qui, combiné à une baisse de la matière organique du sol, pourrait compromettre la production alimentaire", alertent les scientifiques.

La biodiversité à la base de "services écosystémiques" inestimables

S'il faut préserver la biodiversité, c'est qu'elle est bel et bien "la pierre angulaire des écosystèmes sains". Elle est à la base de tout ce que nous offre la nature : nourriture, médicaments, matières premières ... De plus, elle permet la production d'oxygène, la régulation du climat, la purification de l'eau, la fixation de l'azote dans les sols ... Et plus la biodiversité se dégrade, moins les écosystèmes sont résilients.


"La perte de biodiversité est causée par un certain nombre de facteurs interconnectés tels que l'intensification de notre agriculture, le changement climatique, le développement urbain, la surexploitation et l'utilisation non durable des ressources naturelles, la pollution de l'air, des terres et des eaux, le nombre croissant des espèces invasives et leur impact, entre autres", expliquent les chercheurs. "La plupart de ces problématiques doivent être traitées mondialement, mais aussi au niveau national, régional et local".

Des pistes à suivre

Dans ses rapports sur la biodiversité et sur les services écosystémiques, l'IPBES fournit une série de recommandations pour améliorer différents secteurs :la conservation, l'environnement, l'agriculture, l'activité forestière, la pêche, l'énergie, et les services. En outre, elle souligne qu'une meilleure intégration entre ces secteurs "permettrait une prise en compte plus systématique de la biodiversité par les décideurs publics et privés".

Par ailleurs, la plateforme propose d'évaluer le bien-être national en dépassant les seuls indicateurs économiques et en prenant en compte diverses valeurs liées à la nature. Elle invite également à mettre en place des réformes fiscales écologiques qui inciteraient le passage au développement durable. Enfin, elle suggère d'améliorer les législations, de sécuriser des fonds pour la conservation des espèces et de renforcer la sensibilisation du public. Les chercheurs belges appellent les autorités à suivre les propositions émises par l'IPBES.

Par Oriane Renette 

A lire sur levif.be (27/03/2018)