Ils soignent les manifestants
Valentin, Louis et Julien sont tous les trois dans une équipe « Streetmedic ». D’abord militants, ils portent secours aux manifestants. Une réponse solidaire à la violence policière.

Ils ont entre dix-neuf et vingt ans et se sont organisés pour secourir les salariés et les jeunes venus manifester sur l’esplanade des Invalides ce mardi 3 mai. Tous venus du Havre, dans les cars affrétés par la CGT avec les ouvriers et les dockers du port ainsi que d’autres salariés, ils sont équipés en conséquence. Casques sur la tête, foulards et lunettes de ski ou de plongée pour se protéger des gaz lacrymogènes, Valentin, Louis et Julien ont adapté leur tenue à la façon dont se déroulent désormais de plus en plus de manifestations.

Parés à tout

« Sauf au Havre où face à 3 000 dockers, les casseurs n’osent pas infiltrer le cortège et police ne peut donner l’assaut », affirment les jeunes militants du Havre en évoquant l’apport essentiel et la force unitaire des salariés du port. Galvanisés par un rapport de force démonstratif et organisé, les jeunes, militants à l’Unef ou chez les Jeunes communistes, ont adopté une organisation adaptée pour parer aux conséquences des violences policières. « Nous sommes au minimum en binôme, voire en trinôme », évoque Valentin. L’étudiant en DUT Carrières sociales à l’Université du Havre est aussi secouriste et sauveteur en mer et partage ses connaissances en la matière. Sur son casque et celui de ses amis, ainsi que sur son brassard, une croix rouge.
Médecine de guerre

En les voyants, on ne peut pas ne pas penser à ces infirmiers qui soignaient les blessés sur les théâtres de guerre. Au cœur d’un groupe de manifestants qui s’est détaché du rassemblement et qui fait face aux forces de l’ordre, l’équipe Streetmedic se tient prête. Sérum physiologique, bouteille de Maalox censée atténuer les effets des gaz lacrymogènes… Les militants ont prévu de quoi faire face. « On a aussi pris des compresses et du matériel de désinfection à la pharmacie en venant », confient-ils. C’est que les interventions des équipes Streetmedic « tiennent de plus en plus de la médecine de guerre » s’alarme une volontaire dans un témoignage paru dans un blog de Mediapart.

Par Olivier Morin
A lire sur le site de l'Humanité (03/05/16)