Et si...on bannissait les pesticides ?
Fongicides, herbicides, insecticides… Plusieurs centaines de pesticides différents sont aujourd’hui utilisés sur les exploitations agricoles en Europe. Depuis l’après-guerre, leur utilisation s’est généralisée et ils sont devenus, avec les engrais chimiques, un des piliers de l’agriculture intensive. Aujourd’hui, de plus en plus d’agriculteurs choisissent de sortir de ce modèle pour des raisons de santé, d’éthique ou économiques. A quoi ressemble le travail d’un agriculteur sans produits phytosanitaires, et surtout, peut-il en vivre ?

1) Le retour à la terre

Beaucoup d’agriculteurs sont passés par ce préalable indispensable pour accompagner la suppression des produits phytosanitaires sur une exploitation : un état des lieux des sols.

« On a tellement mis cette idée dans la tête des agriculteurs qu’il fallait de gros tracteurs et des produits, qu’au final il y a une méconnaissance du principal outil de travail, la terre », déplore Lydia Bourguignon, cofondatrice du Laboratoire d’analyses microbiologiques des sols (LAMS).

Aux agriculteurs qu’elle rencontre, elle préconise avant tout l’arrêt du labour profond (entre trente et quarante centimètres). Cette pratique, qui s’est généralisée avec l’utilisation de grosses machines agricoles, s’avère mortifère pour la microbiologie des sols et donc, pour leur fertilité.

Pour favoriser la richesse des sols, les engrais verts se substituent aux engrais chimiques. Ce couvert végétal permettra, en plus de capter l’azote et les minéraux essentiels à la fertilisation des sols, de maintenir et protéger la terre en hiver.

2) Les alliés naturels

Favoriser la présence d’insectes pour limiter les pesticides peut sembler contradictoire. Et pourtant, c’est précisément ce que recherchent ces agriculteurs qui ont choisi d’encourager la biodiversité sur leurs exploitations.

Pour enclencher un cercle vertueux, certains vont même jusqu’à réintroduire des pucerons sur une culture. Ils attirent ainsi les coccinelles, dont les larves se nourrissent de l’insecte ravageur. Dans un monde idéal guidé par l’agro-écologie, l’homme n’aurait qu’une intervention limitée dans ce milieu qui s’autorégule.

Même si on en est loin, c’est ce principe qui a convaincu Philippe Fourmet, céréalier dans la Meuse, de passer ses 300 hectares de céréales en biodynamie. « Quand vous avez compris la manière dont fonctionne la nature, vous vous demandez si vous voulez rester dans un système totalement artificiel ou pas. » Ainsi commence une tout autre approche du métier. « Il faut prendre en considération tout l’environnement qui est autour de la vigne », résume François Chidaine, vigneron en Touraine.
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Par Anna Moreau
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