En Belgique, un collectif agit contre Alibaba, le géant chinois du e-commerce
« Minute papillon » : tel est le nom donné à la semaine de mobilisation contre l’arrivée d’Alibaba à l’aéroport de Liège, en Belgique. À Bruxelles, Liège, Namur, Anvers ou encore Maastricht, des affiches et des stands d’informations appellent les citoyens à interpeller leurs dirigeants politiques jusqu’au 27 juin. « Notre but est de faire sortir les politiciens du bois », explique Hirondelle, porte-parole du collectif Stop Alibaba & co.

Presqu’aucun parti politique belge ne s’est opposé à l’accord conclu entre Alibaba, Liège Airport, la Région wallonne et le gouvernement fédéral belge le 5 décembre 2018. L’accord prévoit l’installation de la filiale logistique d’Alibaba, Cainiao, dans l’enceinte de l’aéroport liégeois. Pour cela, un agrandissement significatif de 22 hectares est prévu à horizon 2022. À ce jour, les immeubles de bureaux et un premier entrepôt — parmi les quatre prévus — sont déjà sortis de terre. Par ailleurs, un terminal ferroviaire achemine déjà à Liège des marchandises en provenance de Chine, dont une grande partie pour le commerce en ligne. De fait, Cainiao est déjà actif dans l’aéroport, notamment via ses sous-traitants.

Selon les chiffres de Luc Partoune, ex-directeur général de Liège Airport, l’arrivée d’Alibaba engendrera à terme un trafic de 1 500 camions supplémentaires par jour, soit 2 000 au total. Aucune donnée fiable n’existe cependant sur l’augmentation du trafic aérien attendu. L’ambition affichée du géant chinois du commerce en ligne est de faire de Liège son premier pôle en Europe. « Alibaba est une entreprise très opaque, nuance François Schreuer, seul élu liégeois (Coopérative politique Vega) opposé à l’installation d’Alibaba et fondateur de la plateforme Watching Alibaba. Liège n’est peut-être qu’un pôle parmi d’autres à venir en Europe. »

« Liège devient la poubelle de l’Europe »

Si les ambitions du groupe restent incertaines, les dégâts écologiques, eux, ne font aucun doute : augmentation des émissions de CO2 causée par le trafic routier et aérien, pollution de l’air aux particules fines, présence de kérosène observée dans les jardins et les terres agricoles alentour, surconsommation et production de déchets…

« Les terres artificialisées pour l’agrandissement de l’aéroport font partie des terres agricoles les plus fertiles d’Europe, alerte Hirondelle. Afin d’agrandir la piste pour répondre à l’augmentation du trafic aérien, il faut également remblayer une ancienne sablière classée zone de grand intérêt biologique où se réfugient plusieurs espèces en péril, notamment l’hirondelle de rivage (Riparia riparia). » Pour le militant, l’extension de l’aéroport et le modèle économique d’Alibaba sont incompatibles avec le respect de l’Accord de Paris : « Cela annule tous les efforts de la Wallonie pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre. »

Par Reporterre (publié le 24/06/2021)
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