17 Fév 2015
Grâce à la polyculture et à la rotation des cultures, l’écart de rendement entre organique et conventionnel tombe à 8 %. De quoi envisager le bio comme solution nourricière à large échelle ?
Le rendement est trop faible », c’est résumé en 5 mots le reproche adressé à l’agriculture biologie. Selon ses détracteurs, en l’absence intrants chimiques, elle n’aurait pas de quoi nourrir le monde, et serait condamnée à rester un domaine de niche alimentant les riches et les bobos.
Et pourtant, l’écart entre cultures biologiques et conventionnelles est plus faible que ce que l’on croit. Pour preuve, une étude de méta-données fraîchement publiée dans la revue scientifique de référence PNAS (Proceedings of the Royal Society). Des agronomes de l’Université de Berkeley (Californie) se sont attelés à passer au crible quelque 1071 comparaisons de rendement entre les deux types de culture, provenant de 115 études scientifiques. « Nos méta-données proviennent de publications scientifiques balayant les 35 dernières années, et concernant 38 pays ainsi que 52 types de culture. » Comme résultat de ce travail de titan, ils ont mis en exergue une différence entre bio et conventionnel d’à peine 8 % en cas de rotation des cultures ; et de 9 % lorsque plusieurs cultures sont exploitées sur la même parcelle, on parle alors de polyculture.
Voilà qui confirme que la diversification est essentielle pour améliorer la performance en agriculture biologique. Les auteurs estiment en outre que « ces résultats prometteurs révèlent qu’un investissement approprié dans la recherche agronomique en vue d’améliorer la gestion des cultures biologiques pourrait réduire drastiquement, voire même éliminer l’écart avec l’agriculture conventionnelle pour certaines cultures ou régions. »
Et si l’on prend on compte l’entièreté du biologique, donc sans distinction de techniques culturales ? Les précédentes études internationales estimaient que le rendement organique était de 20 à 25 % plus faible par rapport à l’agriculture conventionnelle avec intrants chimiques. En compilant 3 fois plus de données que leurs prédécesseurs, les auteurs de l’étude panoramique publiée dans PNAS ramènent cet écart de rendement à 19,2 %.
À ce résultat, Didier Stilmant, coordinateur de la Cellule Agriculture Biologique du CRA-W (Centre wallon de recherches agronomiques), tient à apporter une nuance. En effet, il ne faudrait pas occulter que toutes les régions du monde ne sont pas au même niveau de développement agricole, et que cela se ressent dans les chiffres. « Dans nos contrées industrialisées, l’intensification de l’agriculture est telle que l’écart entre biologique et conventionnel se chiffre entre 30 et 40 %. Par contre, dans les zones émergentes, où l’intensification est bien moindre que la nôtre, le développement de systèmes d’agriculture bio basée sur un recyclage optimal des déchets engendrerait un rendement quasi égal voire supérieur à celui de l’agriculture conventionnelle de ces pays. »
D’ici 2050, 2 milliards d’humains supplémentaires sont attendus sur Terre, portant le nombre total de bouches à nourrir à 9 milliards, dont un quart en Afrique. « Au vu des besoins alimentaires mondiaux qui vont augmenter considérablement au cours des 50 prochaines années, il est essentiel de s’intéresser à l’agriculture biologique. En effet, en dehors de l’impact environnemental de l’agriculture industrielle, la capacité d’engrais synthétiques pour accroître les rendements agricoles a diminué », conclut le Pr Claire Kremen, codirectrice de l’Institut de l’alimentation au sein de l’Université de Berkeley (Californie) et co-auteure de l’étude. Actuellement, la culture biologique concernerait à peine 1 % de la surface agricole mondiale.
Par Laetitia Theunis
Lire sur Le Soir (19/12/2014)
Le rendement est trop faible », c’est résumé en 5 mots le reproche adressé à l’agriculture biologie. Selon ses détracteurs, en l’absence intrants chimiques, elle n’aurait pas de quoi nourrir le monde, et serait condamnée à rester un domaine de niche alimentant les riches et les bobos.
Et pourtant, l’écart entre cultures biologiques et conventionnelles est plus faible que ce que l’on croit. Pour preuve, une étude de méta-données fraîchement publiée dans la revue scientifique de référence PNAS (Proceedings of the Royal Society). Des agronomes de l’Université de Berkeley (Californie) se sont attelés à passer au crible quelque 1071 comparaisons de rendement entre les deux types de culture, provenant de 115 études scientifiques. « Nos méta-données proviennent de publications scientifiques balayant les 35 dernières années, et concernant 38 pays ainsi que 52 types de culture. » Comme résultat de ce travail de titan, ils ont mis en exergue une différence entre bio et conventionnel d’à peine 8 % en cas de rotation des cultures ; et de 9 % lorsque plusieurs cultures sont exploitées sur la même parcelle, on parle alors de polyculture.
Voilà qui confirme que la diversification est essentielle pour améliorer la performance en agriculture biologique. Les auteurs estiment en outre que « ces résultats prometteurs révèlent qu’un investissement approprié dans la recherche agronomique en vue d’améliorer la gestion des cultures biologiques pourrait réduire drastiquement, voire même éliminer l’écart avec l’agriculture conventionnelle pour certaines cultures ou régions. »
Et si l’on prend on compte l’entièreté du biologique, donc sans distinction de techniques culturales ? Les précédentes études internationales estimaient que le rendement organique était de 20 à 25 % plus faible par rapport à l’agriculture conventionnelle avec intrants chimiques. En compilant 3 fois plus de données que leurs prédécesseurs, les auteurs de l’étude panoramique publiée dans PNAS ramènent cet écart de rendement à 19,2 %.
À ce résultat, Didier Stilmant, coordinateur de la Cellule Agriculture Biologique du CRA-W (Centre wallon de recherches agronomiques), tient à apporter une nuance. En effet, il ne faudrait pas occulter que toutes les régions du monde ne sont pas au même niveau de développement agricole, et que cela se ressent dans les chiffres. « Dans nos contrées industrialisées, l’intensification de l’agriculture est telle que l’écart entre biologique et conventionnel se chiffre entre 30 et 40 %. Par contre, dans les zones émergentes, où l’intensification est bien moindre que la nôtre, le développement de systèmes d’agriculture bio basée sur un recyclage optimal des déchets engendrerait un rendement quasi égal voire supérieur à celui de l’agriculture conventionnelle de ces pays. »
D’ici 2050, 2 milliards d’humains supplémentaires sont attendus sur Terre, portant le nombre total de bouches à nourrir à 9 milliards, dont un quart en Afrique. « Au vu des besoins alimentaires mondiaux qui vont augmenter considérablement au cours des 50 prochaines années, il est essentiel de s’intéresser à l’agriculture biologique. En effet, en dehors de l’impact environnemental de l’agriculture industrielle, la capacité d’engrais synthétiques pour accroître les rendements agricoles a diminué », conclut le Pr Claire Kremen, codirectrice de l’Institut de l’alimentation au sein de l’Université de Berkeley (Californie) et co-auteure de l’étude. Actuellement, la culture biologique concernerait à peine 1 % de la surface agricole mondiale.
Par Laetitia Theunis
Lire sur Le Soir (19/12/2014)