Faire appel à la Justice pour forcer les pouvoirs publics à respecter leurs engagements en matière de politique climatique.
"L'affaire climat" prend de l'ampleur: 11.500 citoyens se sont unis pour demander un plan national de lutte contre le réchauffement. La qualité de l'air aussi est remise en cause. Cinq Bruxellois reprochent son manque d'action à la Région. Le procès est en cours.

"La Belgique n’est pas à la hauteur du défi"

Les critiques des citoyens vis-à-vis du manque d’ambition des politiques environnementales et les rapports scientifiques alarmants ne cessent de pleuvoir. En 2014, lassés d’attendre, onze Belges ont décidé de s’unir pour saisir la justice et contraindre les gouvernements régionaux et fédéral à se coordonner pour mettre en œuvre un plan national. Aujourd’hui, l’ASBL Klimaatzaak, à l’origine de ce procès, simplifie sa procédure pour devenir co-demandeur. 11 500 citoyens se sont déjà engagés. "Nous visons les 100 000 co-demandeurs grâce au nouveau système", explique Serge de Gheldere, président de l’Affaire climat. "Cela engage plus que signer une pétition ; légalement, vous prenez part à un procès contre les gouvernements. Si on perd et que l’on doit payer des frais légaux, nous avons une provision, il n’y a donc aucun risque pour les citoyens. Il s’agit du plus grand procès jamais connu en Belgique."

Les citoyens demandent un plan national

Inspirés par un procès similaire porté par l’avocat Roger Cox et remporté par les citoyens en 2015 aux Pays-Bas, une décision charnière en termes de justice climatique, les militants ont choisi de recourir au pouvoir judiciaire pour la mise en œuvre d’un plan national de lutte contre le réchauffement. "Nous demandons de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 40 % d’ici 2020 par rapport aux taux de 1990, comme cela avait été décidé en 2010 lors de la Cop16 à Cancún, et de 87,5 % d’ici 2050, précise Serge de Gheldere. Ce dernier chiffre a été proposé par des experts dans le rapport ‘Vers une Belgique bas carbone en 2050’ du gouvernement fédéral en 2013. Il faut engendrer à grande échelle une défossilisation complète de notre économie."

Les membres d’Affaire climat constatent des efforts menés dans le cadre de la transition énergétique comme l’essor des maisons passives et des véhicules électriques mais ils estiment que cela ne suffira pas à maintenir le réchauffement sous le seuil des 2 degrés. "Nous n’y arriverons pas juste avec des initiatives de citoyens ; c’est au gouvernement de nous guider vers ce changement systémique", commente le président de l’ASBL. "A la suite du rapport de 2013, nous pensions voir de grands chantiers se mettre en place mais nous sommes en 2017 et il n’y a toujours pas de plan national climat 2013-2020. Même si des mesures existent, la Belgique n’est pas à la hauteur du défi."

Par Camille de Marcilly

A lire sur lalibre.be (16/01/2017)