Au Canada, la relance passe par des dépenses en infrastructures et énergies vertes
"Nous commençons à revitaliser l'économie", a déclaré mardi le ministre des Finances Bill Morneau en présentant le budget fédéral 2016/17 qui débute le 1er avril.

Pour stimuler la croissance économique, engluée depuis près de deux ans avec la chute des prix du pétrole, une politique de relance budgétaire a forcément un prix, la dérive du déficit.

Si le Premier ministre Justin Trudeau avait basé sa campagne électorale sur la promesse de dépenser dans les infrastructures, avec un déficit potentiel de dix milliards de dollars canadiens sur le premier exercice, la réalité économique l'a rattrapé.

Faute de rentrées fiscales avec une croissance atone, le Canada va s'enfoncer dans le rouge avec un déficit prévu trois fois plus important à 29,4 milliards CAD (21 milliards d'euros) avec son programme de dépenses dans les infrastructures.

Pour Bill Morneau, ce budget est "une occasion sans précédent de façonner l'avenir" mais pour cela il faut investir.

Energies vertes

Avec les dépenses en infrastructures, mais aussi pour l'environnement et la qualité de vie, le gouvernement canadien prévoit un coup de pouce d'un demi-point de croissance et un point l'an prochain.

Les économistes privés tablaient jusqu'ici sur une croissance de 1,4% en rythme annuel en 2016, après 1,2% l'an dernier avec une activité lestée par une récession sur les deux premiers trimestres 2015.

Sur les cinq ans de la législature, le gouvernement Trudeau a planifié 12 milliards de dépenses dans les infrastructures, et en cas de maintien au pouvoir cinq ans de plus, il annonce d'ores et déjà 108 milliards de plus.

Les dépenses vont porter sur les grands ouvrages de BTP, les équipements de traitement des eaux usées --pour un pays où l'eau est le plus souvent gratuite mais parfois impropre à la consommation--, le logement social et l'éducation avec la réhabilitation d'écoles.

Justin Trudeau avait aussi prévu d'investir dans l'environnement. Pour cela, le gouvernement compte dépenser 2,9 milliards sur cinq ans pour "la lutte contre le changement climatique et la pollution de l'air", et alimenter à hauteur de deux milliards sur les deux prochains exercices "un fonds pour une économie à faibles émissions de carbone".

Les énergies vertes sont privilégiées dans le budget avec des efforts particuliers sur l'innovation et la recherche pour lesquelles le gouvernement prévoit d'injecter 130 milliards d'ici 2022.

Le budget prévoit aussi des "investissements sans précédent" pour les communautés autochtones, pour un total de 8,4 milliards sur cinq ans en ciblant les infrastructures sociales, le logement et l'éducation.

A l'inverse, les libéraux ont décidé de repousser aux prochaines élections l'éventuel renouvellement de la flotte de ses avions de combat et ses navires de guerre. Le contrat de remplacement des F18 Hornet de l'Américain Boeing par 65 avions furtifs F35 de Lockheed-Martin avait rebondi pendant la campagne électorale l'an dernier quand M. Trudeau avait clairement promis de remettre à plat l'appel d'offres.

Pour l'exercice 2016, les recettes du gouvernement sont prévues à environ 288 milliards avant de remonter avec les gains de croissance espérés, et les dépenses devraient être de l'ordre de 317 milliards.

Ce programme de relance se répercutera sur la dette qui devrait être augmentée de 118 milliards en cinq ans.

Lire sur le site trends.levif.be (23/03/2016)