Le Danemark autorise la confiscation des biens des réfugiés, Ai Weiwei annule deux expositions
L’artiste et dissident chinois Ai Weiwei a annoncé, ce mercredi 27 janvier, son retrait de deux expositions danoises qui le mettent à l’honneur. L’une a débuté le 21 novembre dernier au ARoS Aarhus Kunstmuseum, l’un des plus grands musées d’art d’Europe du Nord situé à Aarhus, deuxième ville du Danemark. La seconde, qui devait se tenir à la fin du mois de mars, était organisée à Copenhague par la galerie de la Fondation Faurschou, une institution privée à la renommée internationale.

Ce choix intervient au lendemain de la décision du parlement danois, mardi 26 janvier, d’adopter une loi anti-réfugiés très controversée. Pensée pour décourager les candidats à l’asile, elle emprunte un chemin déjà balisé par la Suisse et (en partie) par l’Allemagne : les autorités danoises pourront désormais confisquer le liquide et les biens des migrants dès lors que leur valeur excède 10 000 couronnes –  soit 1 340 euros (et à l’exception des objets à charge sentimentale, comme une alliance ou des bijoux de famille). Le texte durcit également les termes du regroupement familial des réfugiés.

L’exposition d’Aahrus réunit 24 artistes chinois. Elle veut rendre compte de l’effervescence de la création contemporaine du pays et comporte une installation monumentale à forme humaine, en bambou tressé, suspendue huit mètres au-dessus du sol et créée par Ai Weiwei pour l’occasion.

L’artiste a annoncé sa décision dans sa langue natale, sur Instagram, sous une photographie de l’oeuvre : « J’ai été extrêmement choqué, écrit-il, en apprenant hier que le gouvernement danois a décidé de saisir les biens privés des réfugiés. Conséquence de cette décision sans vergogne, je me retire de votre exposition Une nouvelle dynastie – Créée en Chine pour protester contre la décision du gouvernement danois. Veuillez accepter mes regrets, je vous remercie pour votre soutien de longue date. Je vous demande pardon pour les désagréments causés ».

La Foundation Faurschou Gallery, quant à elle, devait accueillir les oeuvres d’Ai Weiwei pour une exposition consacrée uniquement à l’artiste. Elle envisageait l’événement, planifié du 25 mars au 20 avril, comme son « exposition principale » de l’année 2016. Ses responsables apportent néanmoins leur soutien à Ai Wei Wei, via une photographie ainsi légendée :

« Jens Faurschou (collectionneur danois et fondateur de la galerie, ndlr) soutient la décision de l’artiste  et regrette que le parlement danois choisisse d’être en première ligne de ceux qui mènent une politique symbolique et inhumaine concernant la plus grande crise humanitaire d’Europe et du Moyen-Orient de notre temps, au lieu d’être pionnier d’une solution respectueuse, décidée au niveau européen, à cette crise humanitaire aigüe ».

Ai Weiwei, 58 ans, est très impliqué dans l’aide aux réfugiés. Il va régulièrement à leur rencontre et a notamment proposé de créer un mémorial pour eux sur l’île grecque de Lesbos, où il s’est rendu en début d’année.`