12 Oct 2016
Gwenn Seemel est une artiste peintre franco-américaine au crayon engagé. Élevée entre San Francisco et un petit village français, elle a, comme beaucoup de gens, mis du temps à déconstruire les lourds a priori culturels sur le genre, et les injonctions sociétales en rapport. Aujourd’hui, au travers de son livre pour enfants, elle cherche à exposer la diversité qui existe au sein même de la nature en matière de relations entre les filles et les garçons.
Les représentations proposées par les récits s’adressant aux enfants jouent un grand rôle dans l’intériorisation de normes en tous genres. Cependant, ce type de récits peuvent souvent tomber dans l’écueil des lieux communs « les filles sont des petites princesses habillées en rose, et les garçons, des aventuriers courageux ». Si bien que pour un certains nombre de gens, ces codes du marketing sont « la réalité », alors que ceci n’est pas scientifiquement ou historiquement fondé. Lorsqu’on l’interroge sur la genèse de son projet, Gwenn Liberty Seemel avoue avoir longtemps été aux prises d’idées préconçues sur le genre et le rôle de chacun au sein de la société. Mais surtout, elle a longtemps été marquée par l’idée que « l’homme est amené à se reproduire », et que cela constituerait le seul et unique sens de sa vie.
Aujourd’hui, artiste-peintre, blogueuse et défenseuse de la culture libre, elle met son art au service d’un projet qui veut rétablir dans les consciences ce qui est « véritablement naturel » en s’appuyant sur l’exemple des animaux. Artiste aux multiples talents, Gwenn Seemel a également donné une conférence sur les vertus de l’imitation dans l’art. Elle met d’ailleurs ses œuvres en libre accès et encourage les nouveaux artistes à s’en inspirer, à les transformer, à recréer par dessus à leur guise !
Après avoir reçu un diagnostic d’endométriose, une maladie qui cause l’infertilité chez la femme, Gwenn Seemel s’est mise à chercher des réponses à ses questions dans la science. Son but était alors de savoir si « l’envie de se reproduire » était si primordiale chez l’être humain. Sa réflexion s’est également tournée autour des pensées préconçues qui pourraient aussi influencer la science, et ses scientifiques. Au détour de ses recherches, après avoir évité les pièges des théories du complot distillées par certains mouvements conservateurs et réactionnaires, elle a fini par rencontrer une communauté scientifique qui l’a confortée dans son intuition. La nature recèle de surprises et s’ancre dans la diversité lorsqu’il s’agit des rôles, fonctions et attributs des différents genres.
Pour sa préface, Gwenn Seemel a d’ailleurs choisi Joan Roughgarden, une biologiste, spécialisée dans l’évolution des espèces, qui a travaillé sur la diversité sexuelle dans la nature. Reconnue mondialement, Joan Roughgarden travaille notamment sur l’architecture de l’appareil génital féminin et revendique l’existence de genres non-binaires dans la nature. Elle a aussi permis la mise en évidence de l’existence de comportements homosexuels dans la nature, une science particulièrement utile pour lutter contre les homophobes qui utilisent trop souvent l’exemple de « la nature » pour justifier leur haine.
À la lecture du livre, le fameux « c’est contre-nature » perd donc tout son sens et ne résiste pas à l’épreuve du monde réel. On y apprend qu’un nombre important d’animaux ont des relations homosexuelles, que les mâles sont parfois en charge des enfants (quand ils ne les portent pas en eux), ou que certaines femelles peuvent être dotées de pénis ! Ainsi, la nature est synonyme de diversité. Comme cherche à le démontrer l’auteure, les possibilités offertes par la nature sont infinies, multiples, colorées et ne devraient pas se limiter aux schémas ethnocentrés classiques de parentalité ou de sexualité. Comme l’artiste le dit à propos de son livre, qu’elle nomme astucieusement « Le crime contre-nature », « [Ce livre est] conçu pour l’enfant qui vit en chacun d’entre nous. Pour celle ou celui qui n’a pas encore ressenti l’obligation de se conformer, qui peut encore considérer les possibilités infinies de la vie. »
Les enjeux cachés derrière un livre pour enfants au ton léger et ludique sont de taille. Il s’agit d’accepter et de reconnaître l’autre tel qu’il est, non comme l’on pense qu’il devrait être, ou comme une quelconque croyance nous le dicte, et de voir dans la différence toute la richesse offerte par la nature.
A lire sur le site de Mr Mondialisation (14/08/16)
Les représentations proposées par les récits s’adressant aux enfants jouent un grand rôle dans l’intériorisation de normes en tous genres. Cependant, ce type de récits peuvent souvent tomber dans l’écueil des lieux communs « les filles sont des petites princesses habillées en rose, et les garçons, des aventuriers courageux ». Si bien que pour un certains nombre de gens, ces codes du marketing sont « la réalité », alors que ceci n’est pas scientifiquement ou historiquement fondé. Lorsqu’on l’interroge sur la genèse de son projet, Gwenn Liberty Seemel avoue avoir longtemps été aux prises d’idées préconçues sur le genre et le rôle de chacun au sein de la société. Mais surtout, elle a longtemps été marquée par l’idée que « l’homme est amené à se reproduire », et que cela constituerait le seul et unique sens de sa vie.
Aujourd’hui, artiste-peintre, blogueuse et défenseuse de la culture libre, elle met son art au service d’un projet qui veut rétablir dans les consciences ce qui est « véritablement naturel » en s’appuyant sur l’exemple des animaux. Artiste aux multiples talents, Gwenn Seemel a également donné une conférence sur les vertus de l’imitation dans l’art. Elle met d’ailleurs ses œuvres en libre accès et encourage les nouveaux artistes à s’en inspirer, à les transformer, à recréer par dessus à leur guise !
Après avoir reçu un diagnostic d’endométriose, une maladie qui cause l’infertilité chez la femme, Gwenn Seemel s’est mise à chercher des réponses à ses questions dans la science. Son but était alors de savoir si « l’envie de se reproduire » était si primordiale chez l’être humain. Sa réflexion s’est également tournée autour des pensées préconçues qui pourraient aussi influencer la science, et ses scientifiques. Au détour de ses recherches, après avoir évité les pièges des théories du complot distillées par certains mouvements conservateurs et réactionnaires, elle a fini par rencontrer une communauté scientifique qui l’a confortée dans son intuition. La nature recèle de surprises et s’ancre dans la diversité lorsqu’il s’agit des rôles, fonctions et attributs des différents genres.
Pour sa préface, Gwenn Seemel a d’ailleurs choisi Joan Roughgarden, une biologiste, spécialisée dans l’évolution des espèces, qui a travaillé sur la diversité sexuelle dans la nature. Reconnue mondialement, Joan Roughgarden travaille notamment sur l’architecture de l’appareil génital féminin et revendique l’existence de genres non-binaires dans la nature. Elle a aussi permis la mise en évidence de l’existence de comportements homosexuels dans la nature, une science particulièrement utile pour lutter contre les homophobes qui utilisent trop souvent l’exemple de « la nature » pour justifier leur haine.
À la lecture du livre, le fameux « c’est contre-nature » perd donc tout son sens et ne résiste pas à l’épreuve du monde réel. On y apprend qu’un nombre important d’animaux ont des relations homosexuelles, que les mâles sont parfois en charge des enfants (quand ils ne les portent pas en eux), ou que certaines femelles peuvent être dotées de pénis ! Ainsi, la nature est synonyme de diversité. Comme cherche à le démontrer l’auteure, les possibilités offertes par la nature sont infinies, multiples, colorées et ne devraient pas se limiter aux schémas ethnocentrés classiques de parentalité ou de sexualité. Comme l’artiste le dit à propos de son livre, qu’elle nomme astucieusement « Le crime contre-nature », « [Ce livre est] conçu pour l’enfant qui vit en chacun d’entre nous. Pour celle ou celui qui n’a pas encore ressenti l’obligation de se conformer, qui peut encore considérer les possibilités infinies de la vie. »
Les enjeux cachés derrière un livre pour enfants au ton léger et ludique sont de taille. Il s’agit d’accepter et de reconnaître l’autre tel qu’il est, non comme l’on pense qu’il devrait être, ou comme une quelconque croyance nous le dicte, et de voir dans la différence toute la richesse offerte par la nature.
A lire sur le site de Mr Mondialisation (14/08/16)