Crise du porc: il gagne mieux sa vie depuis qu'il produit bio

Alors que la filière porcine est dans une impasse, BFMTV est allé à la rencontre d'un producteur passé à l'agriculture biologique en 2010 et qui ne connaît pas la crise. Philippe Duté produit aujourd'hui deux fois moins qu'auparavant mais il vend sa viande deux fois plus chère en moyenne. Une conversion gagnante.

Les premiers à se réjouir de la conversion au bio de Philippe Duté sont sans doute ses voisins. Quand son élevage de porc était conventionnel, ils devaient endurer les effluves d'ammoniaque de sa ferme, située à La Bouëxière, en Ile-et-Vilaine. Depuis qu'il est passé au bio en 2010, son exploitation est beaucoup plus discrète au niveau olfactif.

Sa conversion a évidemment d'autres avantages, et alors que la filière conventionnelle est en crise, Philippe Duté, explique, lui, "dormir tranquille".

Une demande des consommateurs

Philippe Duté a choisi de se convertir au bio parce qu'il y avait des débouchés. Au passage au bio, il a d'ailleurs introduit un peu de vente directe aux consommateurs. "C'est une niche aujourd'hui, reconnaît-il. Mais si les consommateurs demandent plus de porc bio, ça deviendra peut-être moins une niche". "On ne peut pas produire quelque chose si on n'est pas sûr de le vendre", rappelle-t-il simplement.

Un cahier des charges exigeant

Alors qu'il vendait auparavant 900 cochons en moyenne par an, il en sort désormais moitié moins, tout en travaillant un peu plus. Il doit en effet suivre un cahier des charges différent. Les animaux doivent pourvoir sortir et voir la lumière du soleil. Dans la porcherie, les porcs sont moins serrés et ont de la paille qu'il faut changer toutes les semaines.

Ils porcs doivent être nés bio et manger bio. "Techniquement, il faut être bon", résume l'agriculteur. "Je passe un peu plus de temps avec les cochons, mais il y a un résultat au bout. Il y a un meilleur confort pour les porcs, une meilleure marge pour moi et le consommateur est content", explique le propriétaire de la ferme de La Grande Fontaine.

"Un prix justifié"

Alors que les acteurs de la filière porcine s'étripent pour vendre à 1,40 euro le kilo, le porc bio s'écoule jusqu'à deux fois plus cher. Philippe Duté estime qu'il n'a pas à en rougir et trouve le prix "justifié", étant donné que les coûts de production ne sont pas les mêmes.

Si comme ses confrères de la production conventionnelle, il se plaint de la paperasse à remplir, il juge que les normes ne sont pas forcément un inconvénient. Son histoire n'est peut-être pas à une modèle à suivre pour tout le monde, reconnaît-il. Mais il ne ferait marche arrière, pour rien au monde.

Par K. L. avec Nick Resmann

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